L’annonce de ce webinaire consacré à la réduction des déchets avec la participation d’un membre éminent de l’association ZÉRO WASTE m’a conduit à étudier les chiffres mis en avant dans la promotion du webinaire et de les confronter à la réalité des rapports annuels des collectivités concernées et aux analyses de l’ADEME, disponibles sur internet.
Avant-propos
Pour mémoire, le projet dit « SOLENA/KEREA » n’est pas une simple mise en décharge de la totalité des déchets, mais de 30 % seulement des déchets entrants chez KEREA, apportés principalement par le SYDOM de l’Aveyron dans le cadre du contrat de service public. À la lecture des propos introductifs au webinaire, il y aurait, en effet, pu y avoir confusion.
En ce qui concerne la politique de réduction des déchets menée à THANN/CERNAY (68) :
Michel KNOERR, ex-président du SMTC 68, est un personnage reconnu et « son modèle » qui allie tarification incitative et collecte séparée des biodéchets est intéressant pour contribuer à la réduction des flux des déchets des collectivités.
Il est donc utile d’examiner les résultats de ces « territoires pionniers », comme les nomme l’ADEME, pour évaluer l’impact de ces deux dispositifs qui vont s’appliquer légalement sur toute la France, donc dans l’Aveyron aussi, dès les prochaines années.
Quels déchets ? De quoi parle-t-on ? La seule « poubelle grise » ne fait pas la quantité de déchets à gérer sur un territoire, loin de là !
Signalons d’abord que les déchets d’un territoire ne se réduisent pas aux seules OMR (Ordures ménagères résiduelles). Les OMR ne sont qu’une partie du flux des déchets ménagers et assimilés (DMA issus des collectivités). Ces DMA ne sont, de plus, qu’une partie des déchets produits par un territoire, les déchets des activités économiques représentant des « productions » encore plus importantes.
Pour les collectivités, quel est l’impact de ces deux mesures mises en œuvre chez M KNOERR et ailleurs (source ADEME et rapports annuels SMTC 68 et SM4 disponibles sur internet) ?
La fraction organique des déchets ménagers représente environ 120 kg/an/habitant. Une bonne gestion séparée en capte 60 kg.
Les refus de tri (10 à 20 kg/an/hab) des collectes sélectives (emballages, etc.) peuvent être identiques même si la captation en volume est meilleure (quantité et qualité du tri chez l’habitant meilleure).
La production des OMR est réduite de moitié surtout lorsque l’on réduit la collecte à un seul passage toutes les deux semaines. (moins de 100 kg/an/hab.)
En revanche, les tonnages en déchèteries, qui sont comptés dans les DMA, augmentent (+ 40 à 80 kg/hab./an) même en dissuadant les apports (restrictions drastiques aux professionnels, artisans, etc. qui les apporteront, de toute façon, ailleurs, où ?)
Au final, la quantité résiduelle du « tonnage collectivité » à traiter, toute chose égale par ailleurs, est donc de 180 kg/an/hab et non de 92 kg/an/hab comme mis en exergue.
Au SMTC 68 : 50 % de cette quantité résiduelle va en incinération et 50 % en décharge ! Rappelons que ZÉRO WASTE est contre la décharge et l’incinération.
À l’échelle de l’Aveyron, cela représenterait donc : 180 X 278 000 = 50 000 tonnes/an.
Quelles sont donc les perspectives affichées par le SYDOM de l’Aveyron dans son projet KEREA ?
Apparemment, ces évolutions sont prises en compte, puisqu’en « régime de croisière », le SYDOM a prévu :
10.000 tonnes/an en bio déchets (36 kg/hab./an, faible, mais en zone rurale le « traitement à la maison » est préférable).
Un tonnage (OMR + déchèterie+ refus CS) d’environ 50 000 tonnes/an
KEREA intègre, bien entendu, dans son dimensionnement, une part des déchets des activités économiques produits sur le territoire aveyronnais. Même si ces déchets ne relèvent pas du « service public » de collecte et de traitement, il faut bien les traiter : 20 000 tonnes/an, ce n’est qu’une part, faible, si, pour faire « baisser » les DMA, on les « transfère » au privé !
À ce stade et si le SYDOM de l’Aveyron atteint ses objectifs de réduction de flux, le dimensionnement du projet KEREA semble pertinent. Cette réduction apparaît d’ailleurs plus ambitieuse que celle prévue par TRIFYL dans son dimensionnement.
Il est à noter que les principes de fonctionnement de KEREA et TRIFYL sont sensiblement les mêmes et que EELV 81 n’a pas la même approche qu’EELV 12.
EELV 12 émet aussi, manifestement, des réserves sur le PRPGD OCCITANIE (particulièrement sur la page 255) élaboré sous l’autorité de la vice-présidente EELV de la Région et voté par les conseillers régionaux EELV !
Bref, surtout beaucoup de contorsions politiciennes chez nos verts aveyronnais !
Jean Lixomal