[dropcap]T[/dropcap]out d’abord, je tiens à rappeler que je soutenais pleinement le projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration tel que proposé initialement par le gouvernement et plus particulièrement le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Ce projet était simple et équilibré, à savoir, une grande fermeté à l’égard des étrangers qui ne respectent pas nos lois ou les principes de notre République, et d’autre part, une volonté de régulariser et de mieux intégrer ceux qui travaillent et adhèrent à notre pacte républicain.
Aussi, je regrette amèrement l’attitude des oppositions, de la NUPES au RN en passant par Les Républicains, qui n’ont pas hésité à additionner leur voix pour voter une motion de rejet du texte à l’Assemblée nationale et partant, nous priver de sa discussion et de son vote.
Par ailleurs, je regrette également l’attitude cynique du Rassemblement national qui, tout en dénonçant les insuffisances de cette loi issue de la Commission mixte paritaire, a toutefois souhaité la voter, recherchant ainsi à s’approprier le travail effectué par la majorité et le consensus trouvé, notamment avec le parti Les Républicains, mais aussi, et surtout à semer le trouble sur le sens et la portée de ce texte au terme d’une manœuvre bassement politicienne.
Pour ce qui me concerne, je n’ai pas voulu voter en faveur d’une telle loi.
D’une part, parce que l’équilibre initialement affiché et recherché entre fermeté et intégration par le travail n’était plus respecté, étant précisé qu’en tant que député de l’Aveyron, je suis tous les jours interpellé sur la pénurie de main-d’œuvre et la nécessité de pourvoir à l’emploi d’étrangers.
D’autre part, parce qu’en tant qu’homme de loi et attaché à la rigueur qu’on se doit d’avoir quand on analyse les termes d’un projet de loi, je ne pouvais m’engager à voter un texte dont certaines dispositions à la sortie de la Commission mixte paritaire et du compromis ainsi trouvé m’apparaissent comme manifestement inconstitutionnelles, et pour d’autres dispositions, insuffisamment précises pour en mesurer l’impact direct sur l’existence d’hommes, de femmes ou encore d’enfants sur notre sol.
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D’ailleurs, la Première ministre elle-même a reconnu que le Conseil constitutionnel serait très certainement amené à censurer des dispositions de ladite loi et que des correctifs devraient également intervenir face à des conséquences non anticipées à date de certains articles.
Je considère, en effet, qu’il était de ma responsabilité de député de ne pas porter ma voix au soutien total d’un tel texte.
Mon abstention doit se traduire comme une adhésion à certains principes de fermeté contenus dans le texte, mais aussi, en un refus de voir celui-ci amputé de son pendant en termes d’intégration notamment par le travail.
Rappelons que l’équilibre de ce texte, et même si la formule peut paraitre simpliste, c’était bien : « Méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ».
Cette abstention est aussi l’expression de ma volonté de ne pas être instrumentalisé par le Rassemblement national avec un vote identique sur un thème aussi symbolique que celui de l’immigration.
Enfin, je continuerai à m’engager, fidèlement à mes valeurs humanistes et à mes convictions républicaines, pour porter une voix de responsabilité contre ceux qui, d’un côté, prônent le repli absolu sur soi et la crainte de l’autre et ceux qui, de l’autre côté, prônent une absence totale de régulation de l’immigration et font preuve de laxisme.
Stéphane Mazars,
député de la première circonscription de l’Aveyron
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