Alors qu’il reste 6 journées, le RAF est en mode « maintien ». Et le président, Pierre-Olivier Murat, qui n’a jamais pratiqué la langue de bois, a décidé d’appeler à l’union sacrée de ses supporters, et à bousculer ses joueurs. Pour que Paul-Lignon soit à nouveau une forteresse imprenable, et que le public soit ce 12e homme qui a souvent fait basculer des rencontres. Interview
Ruthénois.com : Après la défaite à Quevilly, vous avez eu une grosse colère. Voulant voir de la révolte chez vos joueurs. Quel est l’état d’esprit du groupe, à la veille de la réception du Paris FC ?
Pierre-Olivier Murat (Président du RAF) : Il y a eu grosse colère froide samedi et dimanche, et une colère chaude lundi. On peut perdre, on gagner des matchs, c’est le sport. Par contre, ce qui s’est passé à Quevilly, qu’il n’y ait pas de révolte, ce n’est pas possible ! On ne peut pas s’écarter du territoire. Ici, on est des charbonneurs, des besogneux, on ne lâche rien, on est combatif. Et il n’y avait pas ça à Quevilly. Et quand il n’y a pas ça, ce n’est pas mon club. Et je n’ai pas envie de travailler avec des gens qui n’ont pas ça. J’ai refixé des objectifs bien précis à tout le monde : joueurs, staff, salariés, parce que je veux voir un club uni. J’ai demandé que l’on soit une famille aveyronnaise, et qu’on revienne tout de suite ou maintenant, à ce qui fait notre force. J’ai vu collectivement le staff. Quand j’ai vu les joueurs, en individuel, ce n’était pas le président face au footballeur. Mais c’était une discussion entre hommes.
Qu’est-ce qui est la force du RAF ?
Notre force, c’est que nos adversaires, pendant 19 matchs, au bout de 2 secondes, ils se disaient, attention, cette équipe, elle va être très compliquée à jouer. Parce qu’il y a tout le monde qui attaque, tout le monde qui défend, c’est une guerre de tranchées. C’est ça que je veux. Je veux que ça tremble sur le terrain, dans les vestiaires, dans le tunnel. Je veux surtout que Paul-Lignon soit en ébullition.
Vous appelez à l’union sacrée autour de vos joueurs ?
Je fais appel au public. J’ai demandé aux joueurs de faire ça. Si on fait ça, qu’on est à l’image de notre territoire, à l’image de nos agriculteurs qui travaillent dur, à l’image de nos anciennes mines à Decazeville, à l’image de tous ces gens qui ont le travail, le labeur et la fierté de leur territoire, la tribune, elle va suivre. C’est rare que j’appelle nos supporters. Mais, là, on a besoin de ça. Paul-Lignon, il faut qu’il soit chaud bouillant. Et à la fin, les gens, ils ont le droit d’applaudir ou de siffler, mais on a besoin d’un stade qui soit derrière son équipe pendant la rencontre ! J’ai été à Clermont, à Saint-Etienne. Et j’ai vu un public chaud bouillant. Mais il faut que notre équipe amène ce que le public attend, pour qu’ils soient derrière nous. Il faut se libérer, jouer au football. La tactique, le système de jeu, on s’en fout. Ce qu’il nous faut, c’est un bloc ou tout le monde attaque, tout le monde défend. Il faut que ça vibre. Le public, il n’a pas envie de voir des matchs de National ou de CFA. Il est exigeant le public ici. Mais il sait reconnaître quand son équipe se dépouille sur le terrain. Et à ce moment-là, le public, il est avec nous. Et il faut que ça soit en ébullition jusqu’à la fin de la saison.
Le rapport au territoire, c’est une constance pour vous depuis des années
Quand je parle des agriculteurs, je pense à tous ceux sur le territoire qui triment pour parfois vendre à perte. Je pense aussi à ma grand-mère, qui est née à Viviez, et qui a connu les mines. Je pense aussi aux salariés de la SAM, qui se secouent pour essayer de trouver un repreneur… C’est ça notre territoire, rien lâcher. C’est être combatif, positif. Ceux qui ne seront pas là-dedans, attention… Parce que c’est moi qui vais décider.
Et pour ça, vous avez choisi une mise au vert particulière avec ces deux matchs à domicile.
Sur les 4 jours qui arrivent, ils vont vivre 3 jours ensemble. Je veux qu’ils se regardent dans les yeux, entre hommes. La volonté, alors que je parle de territoire, de valeurs, c’est qu’ils le respirent. Donc, ils sont en centre-ville. Pour qu’ils ouvrent les yeux face au mec qui va l’encourager, face à celui qui va le bouger, quand ils seront dans la rue. Rodez, c’est le Piton. Donc, on doit être ensemble. Il faut se confronter, discuter, être encouragé. Ce matin, on a rencontré des supporters, qui ont parlé avec les joueurs, qui ont dit qu’ils étaient derrière l’équipe. Et c’est important. On sera 3 jours en vase-clos, mais ouvert à la ville.
Vous avez été en colère, mais aussi inquiet ?
Moi, j’ai une grande confiance en cette équipe, et je suis un grand optimiste. Parce qu’au bout de 19 matchs, quand on est 8e, dans le foot professionnel, ce n’est pas un hasard. Donc, il faut que l’on arrête d’être taiseux. Je ne veux plus que des guerriers sur le terrain. Je veux que l’on joue au foot et qu’on se libère. On a 6 matchs, il faut que ça soit 6 combats. Le terrain, c’est 11 bonhommes contre 11 bonhommes, quel que soit l’adversaire. Et il faut se dépouiller ! Je veux ce combat ! Le territoire, on est rigoureux, on travaille, on vit ensemble, on est solidaire. Et on va s’en sortir comme ça. Si tout le monde m’écoute, on va se maintenir ! Je ne veux plus travailler avec des gens qui ne sont pas positifs, qui ne sont pas combatifs. Je suis le patron, et on a intérêt à m’écouter, parce que je prendrais mes responsabilités.
Vous avez senti du changement cette semaine ?
Je suis à l’entraînement, tous les matins, depuis un mois et demi. De ce que j’ai vu aujourd’hui, ça travaillait bien, même très bien. Depuis quelque temps, il manquait un peu d’étincelle dans le fond de pupille. Je l’ai retrouvé chez mes joueurs ce matin… La qualité, on l’a. Parce qu’être 8e après 19 matchs, ce n’est pas hasard. Aujourd’hui, c’est dans la tête le problème. Je veux qu’il y ait de la vie. Il reste 6 matchs, 6 fois 90 minutes. Je ne veux voir personne fatigué. On parle de 6 matchs, pas d’une saison. Va au charbon mon gars ! Et puis quand on va gagner, il n’y aura plus de fatigue ni mental ni physique.
Comment vous expliquer ce problème mental depuis plusieurs semaines ?
Je crois beaucoup à l’inconscient, parce que l’on n’a pas de mauvais mecs. Je pense, qu’à un moment donné, quand tu es 8e, tu te dis : « Tranquille, on a fait un nul, deux nuls, une défaite, ça va passer. » Alors que non, il faut tout de suite réagir. Sauf que quand tu es 8e, tu ne te sens pas en danger. C’est ça l’inconscient. Mais là, je veux de la révolte, ce que je n’ai pas vu à Quevilly. Et je veux 11 leaders sur la pelouse contre le Paris FC, 11 « secoués de la tête ». Et un public chaud bouillant, qui met Paul-Lignon et la tribune en ébullition.
Ce samedi 16 avril, RAF – Paris FC, au stade Paul-Lignon à 19 h